Les Niyamas

Les Niyamas

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A la différence des Yamâ qui concernent plutôt des choses qu'on ne doit pas faire (des évitements), les Niyamâ nous incitent à des pratiques positives et constructives, des choses à mettre en œuvre pour transformer notre vie. 

Les Niyamâ vont organiser la vie de l'aspirant yogi, pour le préparer à la rigoureuse discipline du Yoga sur laquelle il s'engage ...

 Les 5 Niyamâ sont :

sauca : propreté, purification externe et interne santohsa : contentement, joie intérieure, équanimité vis à vis des opposés tapas : zèle dans la quête spirituelle, autodiscipline, austérité, ascèse svâdhyâya : étude de soi et des textes conduisant à la connaissance du Soi (les Écritures, textes sacrés) Îsvara pranidhânâ : abandon de soi au Soi suprême, à la Réalité éternelle  

NIYAMAS DANS LES POSTURES DE YOGA

Les 5 Niyamâ constituent le 2ème "membre" de l'Ashtanga Yoga. Ils nous encouragent à mettre en œuvre des pratiques positives et constructives pour transformer notre vie.

Ces attitudes de vie ne sont pas uniquement théoriques. Tout comme les Yama, il est possible de les intégrer dans vos séances d'asanas 

Dans notre pratique :

Sauca est lié aux notions de propreté, de pureté et de respect externe et interne

Dans notre pratique c’est tout d’abord un corps et une tenue propre et correct. Pas seulement à l'extérieur (corps, pieds et tapis propres), mais aussi à l'intérieur (vider le ventre avant le cours). Pas d'odeurs trop fortes, pas de parfum fort, même de qualité.

C'est installer soigneusement vos supports (tapis, couvertures, plaques, briques, bien pliés et bien alignés). Ces supports sont des représentations de votre monde extérieur. Développez l’attention à leur égard. Alignez bien les tapis dans la pièce pour apprendre le respect des choses et de l’environnement.

Tout cela contribue à développer une énergie positive dans la pièce. L’énergie du groupe aide à trouver l’énergie individuelle. Vous avez rendez-vous avec vous-mêmes. Avec la partie la plus sacrée qui est en vous. Honorez-la, comme en venant à une cérémonie ou comme vous honorez un visiteur important pour vous. Soyez conscients et respectueux des autres et ne les dérangez pas dans leur pratique.

Chantez le OM avec respect, cherchez à harmoniser votre voix avec celle des autres (écoutez les autres sans chanter plus fort).

Dans les postures, cherchez à faire des gestes propres, « purs », justes et précis, sans mouvements parasites. Sachez quel geste faire et faites-le avec beaucoup de conscience. Aucun geste involontaire ne doit perturber (« salir ») votre posture. 

santosha c'est prendre les événements tels qu'ils se présentent. C'est cultiver le contentement en toutes circonstances.

Quel que soit ce que vous demande le professeur (ou la posture que vous avez entrepris de faire chez vous), soyez contents ; profondément contents de faire ce que vous faites et de ce que vous avez fait.

Maintenez la posture et manifestez votre contentement par un sourire intérieur, une aisance apparente. Il ne doit jamais y avoir aucune grimace sur votre visage ni aucun essoufflement durant une asana. Sinon, vous êtes allés trop loin. Accueillez les étirements et sensations d'inconfort qui se présentent à vous, comme de nouvelles opportunités de repousser vos limites actuelles, de créer en vous de plus grands espaces et de nouvelles ouvertures.

Soyez satisfaits des progrès déjà accomplis, du chemin déjà parcouru.

Recherchez toujours la paix intérieure dans vos postures. Considérez toutes les postures, mêmes les plus difficiles, comme des opportunités de grandir et d’apprendre. 

Tapas : faire preuve d'ardeur et de volonté dans la pratique (discipline et persévérance)

Santosha vous installe parfois si confortablement dans une posture, que votre esprit n'est plus présent et se met à vagabonder bien loin de ce que vous êtes en train de faire.  Vous n'êtes plus dans la pratique et votre posture n'évolue plus. Il est temps de pratiquer Tapas pour ne pas perdre votre temps.

Modifier des années de mauvaises habitudes physiques et mentales demande de la foi, de la volonté et des efforts.

Il faut éveiller Tapas, le feu intérieur. Pour que certaines choses se transforment, vous devez activer le feu en vous, tout comme un alchimiste entretient le feu de son creuset. La chaleur brûle les impuretés physiques et psychiques, ce qui participe à l'amélioration de votre santé.

Chaque fois que vous avez envie de revenir d’une posture difficile à tenir, restez encore quelques secondes de plus, et refaites la posture une nouvelle fois… C'est Tapas.

Chaque fois aussi que vous n’avez pas envie de pratiquer et que vous vous décidez quand même de vous y mettre, vous faites Tapas. Vous savez que cette séance vous fera du bien.

Ce qui est important n’est pas uniquement le résultat, mais la manière dont nous y arrivons et nos efforts constants pour nous améliorer. 

Svādhyāya : l'observation intérieure (étude de soi) et l'étude des textes sacrés.

Svadhyaya est par exemple l’étude des Yogas Sutras, et notamment l’intégration des Yama-Niyama dans votre séance de yoga, puis dans votre vie.

C’est aussi au cours d'une séance, l’étude du fonctionnement de son corps, de sa respiration, de ses émotions, de son psychisme, du fonctionnement de son mental, de ses pensées, en tant qu’objet d’expérimentation. Nous nous détachons de nous-mêmes pour devenir témoin de ce qui se passe en nous.

Pratiquez, lisez, regardez des vidéos, puis expérimentez.

Vous êtes à la fois sujet et objet d'étude, la pierre et le constructeur de votre propre édifice. Vous expérimentez comme un scientifique étudie l’anatomie ou le comportement d’un être vivant et sensible.

Profitez des séances de yoga pour apprendre à apprendre sur vous, en vous observant de l’intérieur ; l'étude de notre microcosme nous permet d'appréhender le macrocosme pour mieux comprendre le monde et la nature qui nous entoure. 

Iśvara-pranidhāna : c'est dédier ses actes à Ishvara (le Soi non personnel, l'Être sans naissance ni mort, « l'Être universel », à l’origine et à la fin de tout ce qui est).

Citation célèbre de BKS Iyengar : « Mon corps est mon temple et mes asanas sont mes prières ».

Iśvara-pranidhāna c’est le « Ainsi-soit-il », le « Amen » des chrétiens. J’ai fait de mon mieux, j’ai fait tout ce que j’ai pu ; je m’en remets à Dieu pour le reste.

Une fois que nous sommes correctement placés dans une posture nous devons nous abandonner avec confiance. Nous avons fait ce que nous pouvions faire ; nous tenons, ferme et stable, mais le reste ne dépend plus de nous. C'est une collaboration entre notre volonté personnelle et des forces et des énergies vitales qui nous dépassent. Celles-ci vont progressivement transformer notre corps, améliorer notre santé, notre compréhension de l'existence et notre état d'être au quotidien. Nous plaçons juste notre corps dans de bonnes dispositions pour que l'expérience arrive.

Ce n'est plus "moi" qui fait, c'est ce qui est en moi qui me fait.

Ce n'est plus vous qui faites la posture, c'est la posture qui se fait en vous !

L'humilité dans la pratique nous connecte avec notre silence intérieur et avec les forces vitales à l’œuvre dans notre corps.

Nous appréhendons avec sérénité le profond mystère de la vie, de la mort, et de l’existence et nous trouvons la Paix.

En dédiant nos efforts et notre pratique à la force de vie universelle dans laquelle nous baignons tous, quel que soit le nom qu'on lui donne, nous nous plaçons dans les meilleures dispositions pour faire l'expérience de la paix, pour vivre dans l'harmonie, être en bonne santé, trouver la force de nous réaliser et bénéficier de la joie profonde qui en découle. 

Article de Jean-Louis Lepreux, professeur au Studio yoga république